Je suis allé sur le sommet de la plus haute montagne de la cité.
J’ai contemplé le vent et les quatre horizons.
J’ai vu des prairies, des collines, des nuages et de jolies montagnes. Et puis le vent s’est mis à souffler avec plus de force et de détermination.
Au loin, le ciel s’est foncé et on dirait que, là-bas, il pleuvait.
Tout d’un coup, un gigantesque arc-en-ciel est apparu, reliant magnifiquement le ciel de l’est vers l’ouest.
Droit devant, un aigle planait, et prenait de l’altitude presque sans effort.
La scène parlait d’elle-même. Quelque chose était en train de naître, ou bien était déjà née.
Devant mes yeux, la beauté et la force absolues étaient en train de se manifester.
Tu étais en train de te manifester devant moi.
Oui, toi !
Je suis vite descendu afin d’échapper à cette hallucination. Et dès que je suis arrivé au milieu de la ville, je t’ai encore retrouvée. J’ai fermé les yeux, bouché les oreilles, et… j’ai fini par retrouver ton visage, ta voix, et la profondeur de ton regard !
Pour moi, l’affaire était scellée ; que m’importe de distinguer la réalité de la folie ?!
Qu’importe au cœur de celui qui est réellement amoureux, d’apprendre qu’il vit dans le délire le plus délicieux ?!
Excuse-moi, mais l’affaire est tout de même sérieuse. Je t’ai quand-même menti plus d’une fois !!
Je t’ai traitée comme une petite fille, comme un enfant, et je suis allé avec toi sur un bateau au milieu de l’océan. Chaque fois que tu te rapprochais un peu trop du bord, et que tu risquais la noyade, j’y mettais mon bras !
Mais en réalité, nous n’avons jamais navigué en bateau !
Avec toi, je me sentais plutôt comme dans un gros camion qui descend une longue côte. Et puis, au lieu d’utiliser la pédale de freinage, j’appuyais sur celle de l’accélération. Mensonge !
Un autre mensonge ! Tout cela n’est pas vrai.
Ce n’était que des ruses et des subterfuges pour simuler une présence sur Terre !
Tout cela maintenant est terminé. La vérité, lorsqu’elle n’est ni hallucination ni mensonge, n’a même pas besoin d’être dite.
Tu le sais très bien, regarde !
Nous avons pris un avion supersonique, une fusée, et nous sommes partis, tout simplement !
Bonsoir ma plus belle étoile,
Je ne suis pas venu ici pour parler.
Je suis venu pour faire la fête, pour célébrer une des plus grandes fêtes de l’univers.
La fête du plus grand et du plus beau printemps !
Une certaine chenille, dans l’œil de celui qui sait voir et sentir, possède déjà la beauté la plus intense et la plus splendide du papillon le plus parfait.
La petite tige qui sort de la terre, et qui par pudeur, se cache, finit par se dévoiler. Elle dévoile une fleur, qui par la géométrie divine de ses pétales, pointe vers le ciel, en y diffusant les couleurs et les odeurs les plus extraordinaires de la Terre.
Je ne suis pas seulement amoureux de toi ; non, je te vois, je te sens, et je vis en toi.
Laisse-moi alors te le dire tout simplement :
Tu es le papillon, et tu es la fleur !
Je t’avais déjà dit que je ne suis pas venu ici pour parler. Je suis venu pour vivre, pour sentir, pour fêter, fêter le printemps de l’univers, le moment où les êtres redeviennent ce qu’ils sont, comme le vieux qui redevient enfant, ou comme toi qui redeviens… tu redeviens qui tu veux. Tu redeviens qui tu es.
Comment te sens-tu ? Es-tu à l’aise ? Est-ce qu’il te manque quelque chose ?
As-tu envie de t’allonger ? Veux-tu boire quelque chose pour t’enivrer ou bien fumer une plante pour planer ? Qu’est-ce que tu veux ? Veux-tu des accolades et des baisers ? L’univers entier est à toi. Tu peux même me tuer et me manger si jamais tu as faim.
Mais pas avant la fin de la fête s’il te plaît !
Les lois de la gravité se sont inversées !
Je me sens de plus en plus aspiré vers le ciel. Au tout début du voyage, j’avais peur de m’écraser sur le sol. Mais lorsque j’ai quitté la gravité de la Terre, j’ai su que je mourrai dans l’enfer d’une étoile.
Autrement dit, je mourrai dans la chaleur de tes bras. Que m’importe alors la vie sur Terre !
Regarde toi-même par la fenêtre, et tu verras que tu n’es ni sur un bateau, ni dans un camion.
Observe bien, et tu verras que tu es dans un vaisseau spatial très lointain.
Oui, ton corps vit avec les terriens, mais ton être véritable est déjà parti dans l’éternité de l’amour.
De loin, la Terre apparaît tellement belle et petite. Mais ton cœur apparaît encore plus beau et plus grand.
Tu es arrivée à destination !
À quelle destination ? Excuse-moi je ne sais pas de quoi je parle. L’amour est infini.
Je ne sais absolument rien de rien. Je ne veux parler de rien.
Je veux faire la fête avec toi ! Je veux jouer avec toi.
Je veux toucher le bout de ton doigt avec le bout de mon doigt.
Je veux regarder tes lèvres sans pouvoir les embrasser.
Je veux te regarder dans les yeux en ayant le cœur qui a peur de s’arrêter.
Je veux pleurer de joie dans tes bras.
Disparaître complètement dans tes bras.
Je veux trop de choses mais je ne peux rien.
Pour faire la fête, j’ai envie de t’inviter chez moi. Mais où ?
Je ne possède ni maison, ni adresse, ni porte, ni fenêtre !
Je ne possède presque rien !
Mon cœur n’a pas de porte, viens faire un tour, regarde ce qui s’y passe et puis tu pourras partir quand tu voudras.
Et lorsque tu partiras, tu verras que l’amour que j’ai envers toi s’agrandira… Tu verras que mon coeur s’agrandira…
Et puis enfin, tu verras que mon cœur n’est pas vraiment le mien. Il est pareil comme le tien.
La porte de sortie est aussi celle de l’entrée. C’est juste un cœur qui aime !
Je n’existe plus, je ne suis plus rien. Je suis mort depuis longtemps, mais le cœur bat encore. Il bat de plus en plus fort. Si je ne savais pas que j’étais déjà mort, je serais terrifié par l’idée de mourir de l’intensité de l’amour que je ressens.
Mais étant déjà un fantôme, je suis incroyablement heureux d’avoir célébré cette fête avec toi.
J’ai plané, je suis parti, je suis mort, et j’ai atteint l’éternité.
Je veux encore tout recommencer pour t’aimer encore.
Je veux faire la fête avec toi, encore !