Quand j’ai ouvert mes yeux ce matin, je me suis tout de suite rappelé que c’était vendredi, un jour toujours particulier de la semaine. C’est notamment grâce à mon père, que j’ai toujours associé ce jour à une profonde spiritualité et un retour hebdomadaire et nécessaire vers la contemplation de Dieu et de notre condition humaine. Pour honorer sa mémoire, je me suis juré de ne jamais rater une seule prière du vendredi à la mosquée. Voici que ça fait presque 4 ans qu’il nous a maintenant quitté, et je n’ai jamais failli à la pratique qu’il m’a inculquée dès mon plus jeune âge.
Tous les vendredis, je respecte religieusement une même démarche inscrite à la fois dans la simplicité et la piété. Je prends toujours mon café avec ma femme et mes enfants, après avoir acheté le meilleur pain chaud de la ville. Pour être bienveillant, je demande toujours aux enfants comment s’est déroulé leur semaine, et comment ça allait à l’école. Ils sont contents, c’est un de leurs moments préférés avec leur père. Le reste de la semaine, je les vois très peu. Ma femme me sert toujours son meilleur café le vendredi. Je ne lui parle pas beaucoup, mais je vois dans sa manière d’être qu’elle m’aime encore et qu’elle me respecte. C’est un moment privilégié. Je me sens heureux, et je me répète tous les vendredis que j’ai beaucoup de chance de l’avoir comme épouse ; malgré toutes mes fautes et tous mes travers, elle ne m’a jamais trahi. Nul n’est parfait ! Seul Dieu nous jugera lorsqu’il nous accueillera dans son royaume éternel.
Un peu avant midi, je demande toujours à ma femme ce qu’elle aimerait que je lui achète pour le repas de vendredi. Elle est contente, et je lui achète toujours ce qu’elle demande avec amour, bonheur et générosité. Je ne mange jamais trop le matin, pour garder de la place pour le repas après la prière. Sa cuisine me fait penser à celle de ma mère ; tellement délicieuse qu’on peut difficilement s’arrêter de manger.
Dans la petite ville montagneuse où je vis, tout le monde connait tout le monde. J’y suis naturellement connu et respecté de tous, surtout que j’ai un petit commerce de fruits secs et d’épices au centre de la ville. Tout le monde vient boire le thé avec moi et échanger des dernières nouvelles de la ville et du pays. Vendredi, je vois quasiment tous les hommes de la ville à la mosquée, sauf les quelques ivrognes irréductibles, connus pour leur aversion envers la religion, l’aveuglement de leurs âmes et l’obstruction de leurs cœurs.
Pour moi, vendredi est un jour de libération. À l’approche de la grande prière, mon cœur se met à battre de plus en plus fort. Comme les autres gens de la ville, je prends mon petit tapis et je me dirige vers la mosquée. Devant Dieu, je me mets à nu, car je sais que je ne peux rien lui cacher. En priant, j’admets toutes mes faiblesses, toutes mes erreurs et tous mes torts. J’appelle à la miséricorde divine, à son sens du pardon, à son amour et à sa grandeur. C’est toujours un des moments les plus forts de la journée. Je sens que je ne suis qu’un simple homme, seul et perdu devant la magnificence et la complexité de l’univers.
Je passe toute l’après-midi dans le même recueillement religieux. Je mange le repas savoureux avec ma famille en parlant très peu et en essayant d’écouter. Lorsque avec ma femme, nos regards se croisent, elle baisse pudiquement ses yeux sur la table. Elle sait comment je suis le vendredi, et en quelque sorte elle a peur de me déranger. Ça fait plus de 10 ans qu’on est mariés ; elle me connaît tel que je suis vraiment. C’est la mère de mes enfants, et j’ai la chance de l’avoir prise d’une très bonne famille connue pour leur respect des mœurs et des traditions.

En début de soirée, je passe du temps avec les gens de la ville. On boit du thé, on fume des cigarettes et on se raconte les histoires de la semaine. Il y en a qui rient à haute voix, mais personnellement, je me contente de sourire. Aux premières heures du soir, mon cœur se remet à battre de plus en plus fort ; comme une deuxième vague d’un profond sentiment qui m’envahit.
Dès que j’entends l’appel à la prière, je me lève et je pars. Le sang va et vient dans mes veines et mes artères. Sur le chemin vers chez moi, j’arrête tout le temps chez un vieil ami qui possède un petit hôtel dans un coin noir de la ville. En fait, c’est aussi le propriétaire des murs de mon commerce en ville. Il me connaît très bien et on a l’un en l’autre une confiance absolue.
Il m’invite tous les vendredis à boire le thé avec lui à la réception de l’hôtel. Parfois, il y a d’autres clients et des femmes. Tout le monde fume des cigarettes et boit du thé. Ça fait aussi partie de mes rituels du vendredi. Après quelques discussions à propos de tout et de rien, une des femmes prend la direction des escaliers, et je n’attends pas plus d’une minute ou deux pour la suivre vers les chambres du haut. Chaque fois que mon pied touche une des marches des escaliers, je sens ma personnalité se transformer. Ma pression artérielle est à son apogée, comme si j’allais effectuer la dernière prière de ma vie à la mosquée.
Dans la chambre, je trouve toujours une bouteille de bière fraîche qui m’attend discrètement. On connait très bien mes habitudes. C’est d’ailleurs la seule fois dans la semaine que je contreviens légèrement aux règles de la religion. Mais je ne bois qu’une seule bière. Jamais, je n’en ai bu deux.
La femme à l’odeur et au maquillage vulgaires me sert la bouteille, et j’allume immédiatement une cigarette. Sans dire un mot, je m’adosse au lit et je lui ordonne de m’enlever mes vêtements. Sans oser me regarder dans les yeux, elle s’exécute et commence à utiliser ses mains et sa bouche pour me plaire. C’est sans doute un de mes meilleurs moments de la journée. Pendant quelques minutes, je continue à prendre des petites gorgées de bière pendant que j’allume une deuxième cigarette. Les battements de mon cœur ralentissent, et ma personne continue sa métamorphose.
Dès que la bouteille se vide, je me lève. Je tends à la prostituée un billet de banque. Elle le prend sans afficher le moindre plaisir. Bien au contraire, son visage apparaît comme la mort ; elle sait ce qui l’attend.
Immédiatement je lui ordonne de se mettre à genoux et je lui crache en plein visage. Avant même qu’elle n’ait le temps d’éprouver les premières douleurs de l’humiliation, je la gifle avec assez de force pour la punir. Ça dépend des femmes ; il y en a qui pleurent, et il y en a qui ne pleurent plus. Les deux genres me procurent du plaisir.
Enfin, je me rhabille et je redescends. Je rediscute de tout et de rien avec le propriétaire de l’hôtel et ses invités distingués. Je fais quelques blagues. Les gens rient. Je fume avec eux une dernière cigarette et je pars.
Il fait déjà nuit. Sur le chemin vers chez moi, je réalise que ce que je fais n’est certainement pas la manière la plus honnête de vivre. Mais il faut savoir que mes dépassements ne vont jamais plus loin. De plus, personne dans la ville ne le sait, à part une poignée de gens de confiance qui se partagent les mêmes ténèbres. J’ai toujours un sentiment de culpabilité en face de Dieu, mais je me dis toujours que Dieu saura me pardonner, surtout que je prends soin de ma famille. Et de toute façon, nul n’est parfait !
Lorsque j’arrive à la maison, les enfants sont déjà couchés. Dans le lit, je trouve souvent ma femme en train de sangloter. Je crois qu’elle n’a jamais pu accepter ma personnalité nocturne du vendredi. Une fois, il y a longtemps, elle a essayé de me résister, et je l’ai très sévèrement battue. Elle avait tellement de bleus sur le corps et sur le visage, qu’elle est restée deux semaines sans jamais quitter la maison. Les enfants étaient effrayés. Et je lui ai clairement dit que la prochaine fois, ça sera le divorce, et par conséquent l’humiliation et la destruction assurée. Dans notre religion, une femme ne doit jamais se refuser à son mari.
Je pense qu’elle a bien appris sa leçon depuis ; j’ai remarqué d’ailleurs chez elle une plus grande pudeur et une religiosité plus assidue. Mais elle doit sûrement se sentir dégoûtée par la puanteur de mon corps, de mon sexe et de mon haleine de chien. Mais c’est ma femme, et elle doit s’y faire. J’enlève mes vêtements et je me mets dans le lit. Je l’embrasse sur la bouche pour lui faire sentir mon odeur infecte. Si elle pleure ou elle réagit d’une manière négative, je la punis en lui faisant lécher les endroits contaminés par la salive de la pute de l’hôtel. Si elle se conduit d’une manière humble et morale, je la pénètre et je lui lèche le visage avec mon haleine de cigarette et de bière, et puis je la laisse dès que je jouis.
Enfin elle est contente. Le lendemain je me lave. Ma femme lave les draps chaque samedi comme pour laver son honneur. Je pars ouvrir mon commerce pour apporter du pain sur la table de ma famille, ainsi que pour soutenir mes prières du vendredi.
En notant que ma femme demeure fidèle et respectueuse de la morale et de la tradition, je pourrai continuer à vivre comme un homme heureux, honnête, sincère et respecté de tous.
Tu es capable d’amener une prise de réflexions de manière beaucoup plus élevée qu’avec cette analogie. Je le trouve dégradant et déplacé ce texte. Je ne comprends pas…
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Merci pour votre commentaire mademoiselle 🙂
J’entends très bien votre message et j’en prends note.
Sachez que ce texte est une oeuvre d’art qui peut être appréciée ou détestée par la lectrice ou le lecteur.
Je suis de ceux qui pensent que l’art doit parfois choquer, et je pense que cela peut amener des réactions positives. Mais il y en a plusieurs qui ont des opinions contraires, et cela est bénéfique au débat concernant la philosophie de l’art.
Merci encore pour votre commentaire 😉
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