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Je n’arrive ni à comprendre, ni à expliquer l’amour que je ressens envers toi. Après tant d’années et tant de distance, je pensais que cet amour s’atténuera, ira en s’adoucissant, ou bien tout simplement finira par être un vague souvenir d’une jeunesse folle et passionnée.
C’est bien le contraire qui se produit. Et pour être très franc avec toi, je n’ai pas assez de mots pour te décrire ce qui m’arrive. Ce que je ressens dépasse de très loin les simples émotions. J’ai des symptômes très physiques dans mon corps. Ma respiration est perturbée, ma poitrine est devenue trop petite pour la grosseur de mon cœur et mon sang bouillonne dans mes artères. Avec les années, mon amour envers toi a grandi au lieu de faiblir, et s’est enflammé au lieu de se refroidir.
J’ai pourtant manigancé pendant très longtemps. Et combien de fois, j’ai fait semblant de t’oublier, de ne plus te connaître ou de t’ignorer. Je suis allé bien plus loin, parfois j’ai même fait semblant de me moquer de toi. Mais personne n’a cru à mes manœuvres, ni toi, ni moi.
Chaque fois, les quelques rares fois, qu’on s’écrit, tu me surprends, ou je me surprends moi-même, et je me retrouve encore devant toi dénudé. C’est encore pire lorsque je te vois; je me transforme immédiatement en cet adolescent timide et incertain qui cherche désespérément à te plaire et à se faire aimer. Et je me retrouve à attendre, patiemment, que ton regard plonge dans le mien, ou que le mien plonge dans le tien. À ce moment là toujours, je sens vibrer en dedans de moi, très violemment, les cordes de l’amour.
C’est surtout grâce à toi et à travers toi que mon amour n’a cessé de grandir et devenir de plus en plus étrange, infaillible et inconditionnel. Depuis que je t’ai aimée toi et que j’ai réalisé avec quelle force et endurance tu m’aimais aussi, je ne peux plus compter le nombre de mes amours. Tu es pour moi la source cachée qui fait déborder l’amour sur mon univers entier. Je me permets parfois et en cachette de toi, de lever le voile sur notre secret. Je laisse parfois certains gens entrevoir la source de mon trésor caché. Mais je me retrouve à devoir te le dire chaque fois.
Je dois vivre avec toutes celles et tous ceux qui ont le cœur vieilli, faible et blessé; tous ceux qui ne sont plus capables d’aimer, ou qui ne veulent même plus aimer, vraiment, de la manière la plus authentique et pure. C’est à ce moment là que je leur tends ma main qui est en réalité ta main, et je leur ouvre mon cœur qui est en réalité ton cœur, et je les aime comme ils sont d’un amour qui en réalité provient de ton amour envers moi.
Tu es et tu resteras toujours en moi, l’enfant affectueux amoureux et passionné. Je le montre sans hésitation au monde entier, pour qu’à travers ce qu’ils voient, ils réalisent que je ne suis que leur miroir comme tu es mon miroir: une âme assoiffée d’amour et qui déborde d’amour, le cœur d’un enfant qui aime sans aucune peur, sans aucune retenue et sans aucune pudeur.
Je suis très mal à l’aise. Je ne sais pas comment écrire des lettres d’amour, et je ne sais surtout pas comment finir celle-là. Mes mains tremblent. Mes larmes de bonheur ont séché, laissant derrière le sourire que tu connais.
J’espère que cette lettre ne te parviendra jamais. Et si par malheur elle te parvient, je t’en supplie ne la lis pas. Je me suis déjà assez embarrassé comme ça. Je dois aller me cacher. Mais comme tu es partout, tu m’entends, tu me vois, je vais seulement faire semblant de me cacher. Juste pour jouer… avec toi et avec tous ceux qui aiment encore jouer.
Je ne sais plus quoi dire. Je ne sais plus où aller. Je souffre d’un excès de bonheur et je ne sais plus quoi en faire.