Nadim M.

Doktor K.

5/10. Travail et temps

Translated from English

Temps de lecture : 5 min.

Dans l’économie de troc, nous donnons quelque chose que nous avons produit en quantité suffisante pour prendre quelque chose que nous n’avons pas et dont nous avons besoin. Dans l’économie monétaire, nous donnons quelque chose que nous avons produit en échange d’une somme d’argent fixée par le marché. À ce niveau, nous n’avons pas à penser à ce dont nous avons besoin exactement. Étant donné que les besoins des êtres humains semblent infinis, plus ils ont d’argent, plus ils peuvent acheter de biens et de services. Pour cette raison, chaque travailleur essaie de gagner plus d’argent en travaillant plus ou en augmentant la valeur de son travail pour le rendre plus compétitif sur le marché. Par exemple, les employés d’une entreprise demandent un salaire plus élevé pour le même nombre d’heures de travail. Ou bien le propriétaire d’une usine la fait fonctionner 24 heures pour pouvoir produire plus et gagner plus d’argent.

Parce que le travail exige beaucoup de temps, le marché du travail doit toujours faire face à la tension entre ce que nous appelons travail et loisirs, ou travail et vacances. Afin de pouvoir manger et de survivre, beaucoup de gens passent presque toute leur vie à travailler, pris au piège comme des esclaves dans un système où ils sont utilisés pour augmenter la production au profit des propriétaires du capital. Après la rébellion de nombreuses classes ouvrières, le rapport de forces s’est déplacé et nous pouvons observer aujourd’hui un marché d’offres et de demandeurs d’emploi. Chacun est également libre de créer sa propre entreprise.

Avec le développement des machines et des technologies, certains philosophes pensaient que l’ère du loisir allait commencer. L’idée était qu’avec les machines, les ordinateurs et les robots, les humains pourraient enfin moins travailler et disposer de plus de temps pour leurs loisirs. Mais ce scénario ne s’est pas réalisé. Cela est principalement dû au fait que l’objectif du travail est essentiellement de gagner de l’argent. Et plus on peut gagner d’argent, plus on peut l’échanger sur le marché pour satisfaire ses besoins, et comme il a été dit auparavant, ces besoins sont illimités. C’est pourquoi nous entendons souvent la phrase populaire qui affirme que « le temps, c’est de l’argent », ce qui signifie en réalité que « le temps, c’est du travail et que le travail, c’est de l’argent ».

En raison de ce dogme du « plus, c’est mieux », aussi bien les travailleurs que les propriétaires d’entreprises sont obligés de produire plus. La conséquence d’un tel dogme est que beaucoup de gens passent presque tout leur temps au travail, du matin au soir. L’âge de la retraite est toujours différé car le système nécessite plus de travail. Des signes d’épuisement, de stress et de surmenage sont apparus presque partout dans tous les pays riches, et ça atteint aussi très rapidement ce qu’on appelle les pays en développement. Beaucoup de gens souhaitent pouvoir travailler moins. D’autres, malheureusement, travaillent pendant des années à attendre leur retraite et se rendent compte par la suite qu’ils se sont aliénés, qu’ils ont détruit leur santé, et puis finalement, lorsque vieux, ils sont considérés comme sans valeur et parfois même comme un fardeau pour la société, car ils ne travaillent plus.

Ce temps passé à travailler les rend également moins capables de s’extraire de leur situation et de remettre en question ce qu’ils font. Pour beaucoup, le temps dont ils disposent pour penser au-delà de leur travail, de leur famille et de leur pays est extrêmement limité. Les contraintes de temps les rendent très vulnérables à toutes sortes de propagande, incapables d’analyser en profondeur les informations infinies qu’ils obtiennent, parfois même incapables de réfléchir à leurs décisions et au sens de leur vie.

Comme nous sommes presque tous pris dans le même système de production, nous sommes devenus un groupe de personnes principalement réduit à la production et à la consommation, et c’est de plus en plus le seul moyen de survivre ou de s’exprimer. Notre liberté réside principalement dans cette prison de production et de consommation. En dehors de cette zone, il y a un désert, et on ne sait même pas quoi y faire ni comment y vivre.

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