Mes très chers amis,
La maladie mentale, la créativité et le génie sont des phénomènes extraordinaires de la psyché humaine et impossible à définir et délimiter d’une façon claire et certaine.
Qui peut vraiment dire si quelqu’un qui entend des voix est un malade ou un créateur génial ? Comment peut-on savoir si on a des dons, si on a du génie, et si on a des maladies ?
Ce sont des questions extrêmement importantes, mais auxquelles nous accordons malheureusement très peu d’importance. Il est clair que c’est dans la détection et le développement du talent et du génie de chaque enfant que nous pouvons créer des sociétés de gens accomplis, heureux, créatifs, géniaux. Avez-vous l’impression que c’est ce qui se passe autour de vous ?
Nous avons au contraire choisi un système d’éducation qui privilégie le groupe, la moyenne, la compétition, le classement des enfants entre bons et mauvais. Ensuite, nous avons aussi donné de l’importance à des standards pseudo-scientifiques de classement des troubles psychologiques, sans parler des médications et de toutes autres tentatives déployées pour remettre dans le rang tous ceux qui s’en écartent. C’est vraiment un problème auquel il faut qu’on pense sérieusement, en tant que sociétés, politiques, éducateurs, parents, enfants…
Nous produisons des gens qui peuvent en savoir tellement sur le monde extérieur via les techniques et les sciences, mais très peu sur le monde intérieur, celui des émotions et de l’esprit. Cette manière extrêmement matérialiste de concevoir l’éducation et le monde est vraiment problématique ; elle produit un monde dans lequel les gens ne se connaissent plus, ne s’aiment plus, ne sont presque jamais satisfaits… C’est un problème !
Ici je vous livre un petit aperçu du développement de mon propre cerveau non pas pour me faire de la publicité, mais plutôt pour vous alerter qu’il y a des millions et des milliards comme moi. Je pense, et je l’ai souvent dit et redit, que tous les enfants ont la possibilité d’identifier et de déployer leur génie.
Pour apprendre le langage, tous les enfants passent par une phase où ils se parlent tout seuls. Ce mécanisme inconscient du cerveau est absolument fascinant. Petit-à-petit, cette auto-discussion disparaît, ou bien devient inconsciente, ou elle se transforme d’une manière ou d’une autre.
Il y a d’ailleurs plusieurs adultes qui se parlent régulièrement tout seuls et à haute voix. Il y en a d’autres qui se parlent tout seuls, mais à l’intérieur seulement. Il y en a d’autres qui se parlent tout seuls, mais qui en sont complètement inconscients. Et puis d’autres qui entendent des voix ou voient des images, mais disent ne pas savoir d’où elles viennent.
Nous sommes ici au coeur des mécaniques les plus subtiles de la psyché humaine. Nous faisons allusion aux mécanismes du cerveau qui sont non seulement responsables du langage, de la pensée, du raisonnement, de l’émotion…, mais en plus à ceux derrière l’extraordinaire possibilité de l’imagination, de l’abstraction, du rêve, de l’hallucination, de la création artistique, scientifique, et puis des sensations de conscience modifiée, de transe shamanique, d’extase, de sortie de soi, de mort imminente, de personnages multiples, etc. etc. Les possibilités de l’esprit et les phénomènes psychiques sont innombrables.
Vous voyez déjà très bien que nous commençons à flirter avec la maladie mentale. Il faudra alors se demander ce qu’on veut dire exactement par “maladie mentale”. En tout cas, une chose est certaine, il y a des gens qui expérimentent certains phénomènes psychiques et cela les mène vers une souffrance et une auto-destruction incroyable. Peut-être alors, on peut parler de “maladie mentale”, peut-être pas, je ne sais pas. Je préfère laisser cette question aux spécialistes du domaine, même si ces derniers ne se sont jamais accordés sur les mêmes définitions, ni sur les mêmes philosophies au fondement de l’esprit ; ce qui est tout à fait normal, et propre à toutes les sciences et les philosophies.
Maintenant, je voudrais attirer votre attention sur un phénomène des plus étranges, ou que du moins, je trouve très étrange.
Regardez n’importe quel livre de psychiatrie, ou regardez tout simplement tous les services psychologiques et psychiatriques disponibles dans les sociétés les plus modernes. Vous trouverez qu’il y a des centaines de disciplines reliées à comment guérir des problèmes, des symptômes et des maladies. Mais il n’y a presque rien pour ceux qui éprouvent des symptômes psychologiques paranormaux, mais qui n’en souffrent pas. Voilà le coeur du sujet.
Autrement dit, si un enfant (ou un adulte) entend des voix, perçoit des hallucinations, crée des mondes parallèles, ou développe de multiples personnalités intérieures, alors il y a, pour simplifier, deux cas possibles. Si cet enfant montre des symptômes pathologiques, alors il est considéré comme un cas à être pris en charge par la psychothérapie ou par la psychiatrie. Mais si ce même enfant développe exactement les mêmes symptomes d’une psychologie paranormale mais que cela n’entrave pas trop son intégration sociale, ni son humeur, alors il passe complètement inaperçu. C’est exactement de ce type d’enfant que j’aimerais qu’on parle.
Cet enfant pourrait être porteur d’un don extraordinaire, mais comment peut-il le savoir ?! Dans l’état des choses, c’est quasiment impossible. Pourquoi ? Parce que dans la majorité des cas, notre psyché se développe avec la supposition que notre monde intérieur est comme celui des autres. Quelqu’un peut arriver jusqu’à un âge très avancé, avoir plusieurs personnalités qui se parlent entre elles dans sa tête, et penser que c’est ainsi dans la tête de tout le monde !! Donc au lieu d’en faire quelque chose, il n’en fait rien du tout, ou bien pire encore, il finit par penser que c’est plus un problème qu’un avantage ; et donc décide de ne plus y accorder trop d’attention.
Tandis que celui qui va concentrer dessus son regard interne et développer des troubles de la personnalité pourra encore une fois facilement avoir recours à un psychologue ou un psychiatre spécialisé dans le domaine.
Nous avons donc un radar de santé mentale qui met les gens dans un continuum de deux catégories : les malades d’un côté, et de l’autre les gens en bonne santé. Mais ce radar laisse passer complètement inaperçus les gens qui sont en trop bonne santé. De ce fait, on ne reconnaît les génies (qui ont souvent une forme altérée de maladie mentale) que lorsqu’ils réussissent à créer une oeuvre qui apparaît géniale aux yeux d’un très large public !
Mais cela est complètement absurde ! C’est-à-dire qu’on facilite à ceux qui développent une maladie de se faire repérer, mais on rend la tâche très difficile à ceux qui ont du génie. Or ceux qui ont du génie ont eux aussi besoin d’accompagnement. Ce sont des millions de gens, des artistes incroyables, des musiciens, des compositeurs, des écrivains, des entrepreneurs, des inventeurs, mais qui faute de soutien, d’encadrement et de moyens, finissent par ne jamais pouvoir développer leurs talents !
Ces gens sont autour de nous, nous les voyons, nous les côtoyons, et nous trouvons complètement normal de les laisser ainsi à leur sort. Pourquoi ? Pour la simple raison qu’ils ne souffrent pas, qu’il peuvent vivre en société, et qu’il ne représentent pas de danger pour les autres ! Donc, on se dit, ces gens vont bien et c’est tout.
Oui, ces gens vont bien, mais je le répète depuis très longtemps et j’ai beaucoup de mal à me faire comprendre : Ces gens ne vont pas juste bien ; ils vont trop bien ! J’écris ces mots depuis des années, notamment dans “Des mots pour penser…” en utilisant des termes tels que “excès de bonheur”, “trop plein de bonheur”, “excès d’intelligence”, etc. Et je dis et je redis que ces gens ont eux aussi besoin de soutien. Mais cela reste très mal compris.
D’ailleurs, chaque fois que j’utilise cette expression : “excès de bonheur”, on me dit : Mais comment quelqu’un peut-il ressentir un excès de bonheur ? Réponse : C’est lorsqu’il ressent que son bonheur, son intelligence, sa créativité est supérieure à celles de ceux avec qui il est. Donc cela est un problème, parce que au lieu d’aller peaufiner ses talents, il aura tendance à descendre vers la moyenne. Ou bien il pourra aussi se sentir seul, incompris, et donc développer une forme ou une autre de troubles sociaux ou psychologiques. Il y en a aussi qui se tourneront vers l’auto-destruction lente et inconsciente, notamment par l’alcool ou la drogue, etc.
J’écris donc ce texte surtout pour que ceux qui s’identifient dans cette solitude de la maladie mentale géniale et créatrice ne se laissent pas avoir par les défaillances de nos radars. Qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls, et qu’ils ne doivent pas détruire leurs talents parce qu’on leur a dit que c’était mauvais d’être et de penser au-delà des autres. Au contraire, il faut que ces gens se manifestent de plus en plus, en parlant d’eux-mêmes, de ce qu’ils ressentent, en créant des choses… C’est très important. Nous avons besoin de ces gens, et d’ici je leur dis : Nous vous aimons et nous avons besoin de votre génie, même si autour de vous vous pouvez surtout apercevoir des bâtons dans la roue.
Pour ma part, depuis un âge très jeune, j’ai toujours eu accès à des textes. Ce sont comme des voix qui me viennent de ma tête vers ma tête, et cela se manifeste par des textes qui sont déjà parfaitement structurés et écrits. Je n’ai besoin de faire aucun effort pour rédiger des milliers de pages de textes de tous genres. Avec le même cerveau et des centaines de mains, je pourrais demain sans le moindre doute écrire un traité de psychologie, un roman, un scénario de film, un traité de religion, une histoire de la vie d’un caractère imaginaire, un traité de politique, des poèmes, des textes mystiques, des stratégies pour atteindre des objectifs, des plans détaillés pour des projets, etc. etc.
En plus, et sans faire le moindre effort, je peux facilement me mettre à la place de personnages imaginaires, sentir ce qu’ils ressentent et décrire très facilement la mécanique de leurs cerveaux par des mots et des métaphores très imagées.
Depuis, je vis tout le temps dans des mondes imaginaires. Je mélange en fait tout le temps la réalité avec l’imagination. Et pour moi, le monde m’apparaît sérieusement comme ça ; c’est-à-dire un monde très confus, bizarre, étrange, hallucinant, du moins pour l’observateur “normal”.
Je suis et j’ai longtemps été au bord de la folie ou ce qu’on appelle la maladie mentale. Sauf que dans mon cas, ça n’a jamais été remarqué par les services de santé mentale, parce que je n’ai jamais perdu complètement contact avec le monde conventionnel dans lequel nous vivons. Je peux parfaitement aller dans la rue, faire un travail, occuper une vie sociale et avoir l’air complètement normal.
Mais dans ma tête je vois constamment et sans arrêt des textes, des histoires de meurtres, de viols, de guerres, de projets incroyables, de stratégies très innovatrices, d’histoires d’amours improbables et extraordinaires, des liens clairs entre des concepts complexes, des probabilités mathématiques reliées aux événements qui deviennent décrites dans un texte accessible, logique et clair, etc. Tout ça se passe constamment dans ma tête, sans que je n’aie besoin de faire aucun effort.
En plus de tout cela, je peux assez facilement entrer (et sortir) dans des sortes de transes ou de “flow” comme on dit en anglais. Je peux aisément décortiquer des concepts, donner des conférences ou écrire des pages tout en perdant complètement la notion du temps et de l’espace ; je ne sais plus où je suis, et je ne sais plus combien de temps s’est écoulé…
L’autre phénomène est que j’ai un accès extraordinaire à la description de mes émotions, de mes pulsions, de mes perversions, de mon processus de pensée, etc. En plus, je peux aisément et constamment entrer dans des phases émotionnelles très étranges et même les décrire, telle que par exemple sentir de l’amour et de la haine en même temps, ou bien de la tristesse et du bonheur en même temps. Et de toute façon, je sens très souvent que mes émotions sont très loins, comme si elles étaient celles d’un autre personnage !
Là où souvent ça se complique, et où les gens me disent qu’ils ne comprennent plus rien, c’est lorsque je leur dis que pour moi, les évènements de l’univers se passent tous en même temps, ou que le temps n’existe pas. Autrement dit, dans mon monde à moi, je suis déjà né et je suis aussi déjà mort ! Bizarre non ?! Mais vous aussi ! Vous êtes déjà nés et vous êtes déjà morts. C’est ce que moi je vois tout le temps. Je n’ai vraiment besoin de faire aucun effort pour voir le monde de cette façon.
Donc bien évidemment, je choisis de dire ou de ne pas dire certaines choses que je vois. Parfois c’est trop choquant. Par exemple, je vois un bébé, et en même temps je le vois mort, alors je ne le dis pas. Parce que… ce n’est pas ce que les autres voient et ça peut vraiment paraître bizarre. Alors j’utilise ce merveilleux don que j’ai pour écrire de belles (ou d’horribles) choses et surtout pour écrire des choses qui aident les lecteurs à augmenter leur conscience ou bien à voir des choses autrement. C’est ma passion depuis toujours.
Maintenant, vous allez me demander, est-ce qu’il y a un problème ? Oui, je dis qu’il y a un problème, parce que je n’ai personne, ni aucun organisme, ni aucun psychologue auquel je peux me tourner, et qui pourrait m’accompagner pour que je puisse vraiment me consacrer à peaufiner mon talent, en faire bénéficier une majorité de gens, et en vivre moi-même. C’est un problème (de luxe) !
Dans tous les cas, je suis très heureux de ma maladie mentale, je veux non seulement la garder, mais surtout la protéger et la faire grandir. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait toute ma vie. Ma raison d’être est de développer ce talent jusqu’à ses plus grandes possibilités ; c’est-à-dire que je veux devenir de plus en plus fou, d’aller de plus en plus en profondeur dans la découverte et la transmission écrite et/ou parlée de cet univers que j’aperçois très clairement et qui est complètement extraordinaire.
Ce qui me motive surtout, c’est que toute mon expérience des années passées m’a prouvé que cette transmission est d’un bénéfice extraordinaire dans la vie de plusieurs. Alors si je peux faire profiter des gens par quelque chose qui m’est extrêmement facile à faire, pourquoi ne pas le faire ?!
Voilà enfin, j’espère que ce texte profitera directement ou indirectement à tous ceux qui ont des dons créatifs qui se rapprochent des maladies mentales.
Je leur dis qu’il faut étudier cette maladie, la célébrer, la protéger et la nourrir !
Bonjour Nadim.
Je te rejoins sur le plan des idées et aussi dans le vécu.
Contrairement à toi j’ai déjà été interné en hôpital psychiatrique mais je ne prend pas de traitement neuroleptique.
J’ai d’ailleurs écrit un roman qui traite de la question de manière indirecte intitulé Singulier(s).
Il n’a pas connu un grand succès commercial mais je suis heureux d’avoir eu des retours de lecteurs qui me disaient avoir eu l’impression de lire un livre qui racontait leur histoire.
Mais sur les forums littéraires il a été taguée #schizophrénie.
Parce que pour la majorité des gens, la vision que nous avons du monde est psychotique.
Mais la majorité n’est pas une détentrice fondamentale de sagesse, sinon de celle qu’on qualifie à juste titre de populaire.
Toutefois, je n’aspire à aucune reconnaissance dans ce monde.
Il ne m’aime pas, certes mais je ne l’aime pas non plus.
Je n’y trouve pas ma place mais c’est tant mieux.
Pour moi il n’y a aucun problème.
Je trouve bien que l’on cherche à soigner ceux qui souffrent de telles singularités et qu’on ignore ceux qui s’en ravissent l’âme.
Qu’on nous laisse reposer en paix dès à présent.
Peace
Christophe Gelé
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